Accoucher

Accoucher un vendredi de février

Accoucher ne m’a jamais fait peur. Ma mère nous a toujours raconté ses accouchements de manière sereine. Certainement que cela y a grandement contribué en plus des préparations que j’ai pues faire. Le moment venu, je savais que je serai sereine pour mon accouchement. Un certain vendredi de Février 2020.

Comme une intuition

D’ici quelques jours ce sera le terme de ces 9 mois pendant lesquels je t’ai porté jolie petite âme. 9 mois durant lesquels je t’ai senti bouger doucement telle la brise dans les arbres puis un peu plus fort tel le vent et enfin telle une vague en mer agitée.

Quelques jours avant ce vendredi, je dis à ton papa: je pense que c’est pour ce week-end ou début de semaine prochaine. Comme une intuition que tu es prêt à venir à notre rencontre. Et des signes que mon corps me donne. Même si c’est la 1ère fois, je sens que ce n’est pas comme d’habitude. Tout est prêt, les valises pour la maternité, de quoi manger pendant l’accouchement, le siège auto dans la voiture, le lit cododo dans notre chambre. Nous t’attendons.

Ce matin là je vais me promener en forêt. Et comme d’habitude, je te parle et te dit que c’est peut-être la dernière fois que l’on se promène en forêt alors que tu es dans mon ventre.

Accoucher

Le début du travail

La matinée passe. Vers 15h30, je suis au téléphone avec ma meilleure amie. Vers 16h00, ton papa me dit qu’il ne va pas tarder à rentrer. Je lui dis que je viens le chercher à la gare et que nous allons faire les courses après. Mais en me préparant, je sens des contractions. Différentes de celles que je ressentais jusqu’à maintenant. Je pars pour la gare et en arrivant je dis à ton papa: « il vaut mieux rentrer, c’est le moment« .

J’ai mal mais c’est tout à fait gérable. En rentrant, je m’examine pour voir si le travail a bien commencé. Certes, c’est la 1ère fois mais je peux sentir si mon col a commencé à s’effacer. Merci les cours de préparation à l’accouchement et surtout le massage du périnée qui m’a permis de sentir la différence (j’en parle ici : http://bit.ly/conseils-grossesse-sereine.). Il me semble que oui , le col a commencé à s’effacer. J’appelle la maternité. La sage-femme me dit que j’ai le temps vu que c’est un 1er bébé et que je peux parler avec elle. Bon, d’accord même si les contractions me semblent être bien rapprochées quand même.

Dans ma bulle

A partir de ce moment-là, je me mets dans ma bulle. Je reste debout et fais des mouvements de va et viens, le huit de l’infini. J’inspire, j’expire. Puis, je décide d’aller me doucher. A ce moment-là, tout s’accélère. Du sang. Du sang, et pas quelques gouttes. Non. Je rappelle la maternité. « Tout est normal, c’est votre col qui travaille. Vous pouvez attendre avant de venir. » Comme une intuition, une petite voix qui me chuchote de partir. Alors, je prends ma douche. Je finis de préparer ma valise, ton papa rassemble toutes les affaires et nous partons. Nous sommes deux. Bientôt trois.

Nous voilà en route un vendredi 18h00 en région parisienne. A votre avis, c’est comment l’état du trafic ?!!! 1h15 de route pour aller à la maternité. 1h15 dans ma bulle, à gérer les contractions, à respirer, à te parler.

respirer pendant l'accouchement
Respire, respire, respire

De l’imprévu, du lâcher prise et de l’amour: c’est cela accoucher

Arrivés à la maternité ce vendredi de Février vers 19h30. Ton papa m’accompagne et informe l’accueil que nous sommes arrivés. Je suis debout dans le hall de la maternité, je suis calme. J’inspire, j’expire, je fais le huit de l’infini. J’inspire, j’expire. Je suis dans ma bulle. La sage-femme arrive et me dit : « Vous êtes calme ». Nous montons en salle de naissance. Je me déshabille pour qu’elle puisse voir où j’en suis dans le travail. Ton papa m’aide à enlever mes vêtements entre chaque contraction. J’inspire, j’expire. Je suis toujours dans ma bulle.

Et là, encore du sang. Beaucoup de sang. Moi, je ne me rends pas compte. Mais, les sages-femmes et ton papa le voient. Je perds beaucoup de sang. Je m’allonge sur la table de travail. La sage-femme regarde et me dit: « Vous avez bien fait de venir, vous êtes déjà à 5/6 ». En 3 heures, j’avais fait une grosse partie du travail. Toujours écouter son intuition. Ecouter son corps. Il sait. S’il y a bien un moment de vie où nous sommes hyper connectées en tant que femme, c’est celui-ci, l’enfantement.

Les sages-femmes s’agitent autour de moi, elles contactent l’anesthésiste. Cette perte de sang n’est pas normale. Elles craignent quelque chose. Elles viennent nous parler: « Il faudrait poser une péridurale pour pouvoir intervenir vite si besoin. Et percer la poche des eaux pour faire accélérer le travail. »

Là, c’est le drame pour moi. Moi qui depuis toujours ai voulu accoucher sans péridurale. Moi qui m’étais préparée mentalement à accoucher sans péridurale, le plus naturellement possible. Je ne m’étais pas préparée à cette option. Ton papa et moi discutons. Qu’est-ce qui est le mieux pour toi ? Car maintenant il n’est plus question que de nos envies, mes envies pour cet accouchement. Non, il est question de toi. Faire le mieux pour que tu arrives le plus sereinement possible parmi nous, jolie petite âme.

Le calme après la tempête

Tout va très vite, il faut se décider. Pour ton bien, nous décidons de poser la péridurale. Je mets de côté mon souhait le plus cher pour toi, mon petit ange. Les sages-femmes me préparent alors. Et, en me redressant sur la table, je sens de la chaleur entre mes jambes. Ca coule. Je viens de rompre la poche des eaux. Super nouvelle ! La poche s’est rompue naturellement.

J’inspire, j’expire. Je sens la contraction monter telle une vague, j’inspire. Elle monte, elle monte pour atteindre son maximum. Puis, elle redescend, j’expire. Une contraction après l’autre. Ton papa m’aide à respirer à chaque contraction. L’anesthésiste pose la péridurale. Je me rallonge.

Les sages-femmes reviennent quelques minutes plus tard.  » Nous avons lu votre projet de naissance. Si vous voulez la salle avec la baignoire, elle est disponible. Vous pouvez aussi mettre votre musique. Vous pouvez boire. » Je rêvais d’accoucher dans l’eau. Mais, l’intensité des contractions est telle que je ne veux plus bouger de la salle. Je suis dans ma bulle. Je suis bien là. Elles me proposent alors une position physiologique. Je me mets sur le côté avec un ballon entre les jambes. Ton papa met la playlist préparée, il me donne de l’eau de coco. Tout va bien. On est bien là.

« Tu as tout ce qu’il faut en toi pour accoucher ce bébé! » Karine, Quantik Mama

Je sens la contraction arriver. J’inspire. Elle monte, elle monte. Puis, elle redescend. J’expire. Les contractions sont de plus en plus intenses et longues. Je commence à gémir pendant les contractions. Puis à crier. Je ressens tout. Mon bassin, mes jambes. Rien n’est engourdi. Je te ressens. A postériori, le lendemain de l’accouchement, j’apprends qu’il n’y a pas eu d’injection de péridurale. Juste un cathéter qui a été posé au cas où. Ouf…

A ta rencontre mon amour

Les contractions s’enchaînent. Je respire. Ton papa m’aide. Il me sert la main. Je suis dans ma bulle. Puis, je te sens descendre doucement entre mes hanches. Je sens tout. Tu arrives là tout de suite. Je dis à ton papa d’appeler les sages-femmes sorties de la salle.

« Vous pouvez venir, s’il vous plaît. Il arrive. » Elles répondent: « Ah oui en effet! » Commence alors le besoin de pousser. A chaque contraction qui monte, je pousse. Ton papa m’aide. Je pousse et bientôt cela me brûle. Ah cela doit être le fameux cercle de feu. Cela veut dire que tu es là, ta tête est en train de sortir.

Encore quelques poussées et je touche ta tête. Je la sens, ta petite tête toute douce. Une fois ta tête sortie, tout va très vite. Je sens tes épaules glisser puis le reste de ton corps avec l’aide des sages-femmes. Ca y est, tu es là jolie petite âme. Tu es tout chaud sur moi. Je te sens sur mon ventre. Tu es là. Nous sommes là. Nous sommes trois. Un Vendredi de Février 2020. ❤

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